sabato 4 luglio 2009

Rasmussen: Changer ou mourir

CHANGER OU MOURIR :
Quel avenir pour la social-démocratie ?
Les citoyens européens ont fait leur choix. Le Parlement européen et la Commission
européenne seront dirigés par une coalition de droite. La complexité du processus de décision
communautaire ainsi les traditionnels arrangements créeront sans doute la confusion auprès
des citoyens sur qui sera responsable de l’orientation de l’Europe pour les cinq années à venir.
Mais les gouvernements et les partis de la droite européenne, ainsi que leurs députés au
Parlement européen, doivent maintenant assumer pleinement les conséquences de leur victoire
à la Pyrrhus, basée sur des taux d’abstention record. Je crois qu'ils vont décevoir beaucoup de
ceux qui leur ont fait confiance le 7 juin. Les dirigeants de la droite européenne, et en particulier
du PPE, utilisent aujourd'hui une rhétorique sociale-démocrate pour tromper leurs électeurs. Des
engagements ont été pris sur la politique sociale, sur la lutte contre le changement climatique,
sur la régulation des marchés financier et sur bien d'autres sujets encore ; ils ne seront pas
tenus.
La tradition de légiférer par consensus va sans doute perdurer à Bruxelles et à Strasbourg. Mais
j’ai la conviction que l’heure est venue de mettre davantage en évidence les différences
politiques entre la gauche et la droite. Après cette défaite aux élections européennes, la socialdémocratie
doit-elle faire comme si de rien n'était, et ainsi prendre le risque d'aider la droite à
brouiller un peu plus les clivages politiques dans les années à venir? Je ne crois pas que ce soit
la voie à suivre. Pour commencer, nous devons nous battre pour nos engagements de
campagne : un nouveau plan de relance européen et une réforme en profondeur du système
européen de régulation financière. Mais, dès à présent, nous devons aller beaucoup plus loin.
La social-démocratie doit se renouveler. Les valeurs sur lesquelles nous avons fondé nos
combats et nos succès politiques depuis plus d'un siècle doivent rester notre inspiration. Mais
nous devons repenser notre projet dans le monde d’aujourd’hui, en perpétuelle mutation.
Nous devons être audacieux, fiers de ce que nous représentons et plus efficaces dans la
manière d'exprimer nos idées et nos projets. Nous devons apprendre à être au plus plus proche
des gens, de ceux qui se sentent exclus de la société et ne croient plus à la politique, en
répondant à leurs peurs et à leurs rêves. Nous, partis socialistes et sociaux-démocrates
européens, devons plus que jamais travailler ensemble. Nous devons aussi être ouverts aux
personnes et aux idées progressistes au-delà de nos propres partis.
Mais nous devons aller encore plus loin. Notre impératif, aujourd’hui, est d’intégrer à notre
pensée politique les dynamiques d’un monde en pleine évolution.
Prenons l’environnement. Nous nous sommes battus pour la protection des ressources
naturelles, de la biodiversité, de la qualité de l'air et de l'eau. Mais comment lier cela à nos
combats naturels pour la justice sociale et l’égalité ? Nous avons été incapables de développer
une vision cohérente à long terme pour le développement écologique de nos économies et de
nos sociétés. Si nous n'arrivons pas à trouver une manière de combiner notre combat de
toujours contre les inégalités avec l’environnement, nous serons contraints de faire des
compromis impossibles. Nous devons parvenir à plus de clarté et de crédibilité politique sur
cette question essentielle qu’est le développement durable.
Prenons l’économie mondiale. Nous devons trouver de meilleures réponses aux aspects les
plus néfastes de la mondialisation. Nous avons oeuvré pour un système économique global plus
durable et plus juste. Mais les inégalités demeurent scandaleuses. Et la création de nouvelles
richesses écologiquement durables, qui doivent être plus équitablement réparties, ne répond
pas aux besoins des milliards de personnes qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté. Nous
devons trouver de nouvelles réponses à ce défi mondial, et nous devons les trouver rapidement.
Sinon comment peut-on prétendre continuer d'incarner le principal mouvement politique
internationaliste?
Prenons l’Europe. Nous avons peur de défendre une Europe politique plus forte. Nos discours
sont hésitants, et parfois même contradictoires. Une fois encore, si nous n'arrivons pas à
élaborer un projet clair et ambitieux pour l'avenir politique de l'Europe, nous ne pourrons pas
convaincre les citoyens de nous soutenir pour construire une Europe capable de les protéger
dans la mondialisation.
Nous avons perdu une élection, mais pas la guerre des idées politiques. Nous n’en sommes
qu’au début. Pour les cinq années à venir, les institutions européennes seront dominées par la
droite. Nous devons utiliser cette période pour engager un changement audacieux. Si nous y
parvenons, les citoyens retrouveront confiance en nous, peut-être pour longtemps. Si nous
échouons, et surtout si nous refusons de changer en continuant comme avant, nous mourrons.
Poul Nyrup Rasmussen, Président du Parti Socialiste Européen

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