martedì 27 maggio 2008

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PS : rien ne va plus!
Par Nicolas Domenach. Non seulement Bertrand Delanoë est loin d'avoir plumé la volaille strauss-kahnienne, mais en en se proclamant libéral, il a aidé Ségolène à se recaler à gauche.

Il faut avoir une pensée émue, très, pour les militants socialistes, pour tous ceux que la gauche intéresse car ils ont déjà la gueule de bois. Pourtant le combat vient tout juste de s'engager frontalement entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë pour la conquête du PS. Mais c'est un combat de dupes puisque rien d'important ne les sépare sur le fond. Or, il faut bien trouver des raisons de s'affirmer, de se distinguer quand seules les ambitions et les détestations personnelles s'entrechoquent. D'où un débat, un affrontement qui, pour avoir été longtemps différé, prend des allures de bataille d'hypocrites où se confrontent les Tartuffe, les Saint Bernard bouche dehors et les saintes nitouches…. Avec l'appui logistique de Libération, le journal libéral boboïsant de gauche en plein redressement et de son directeur Laurent Joffrin, co-auteur de l'ouvrage, qui se fait partout son avocat, avec l'encouragement aussi d'ailleurs de la plupart des médias qui veulent le match contre Royal, Bertrand Delanoë a réussi au moins une chose, le lancement de son livre et plus encore une opération marketing qui visait à se déringardiser et à voler le feu sacré de la modernité à Ségolène Royal. Le maire de Paris a donc enfoncé, avec le talent qu'on lui connaît, les portes ouvertes de la maison socialiste en faisant croire qu'elle était verrouillée à double tour. Sa réussite au moins fut celle-là, de se poser en héros d'un tournant libéral politique déjà pris depuis des lustres. Tout en cherchant sans cesse des yeux le regard approbateur du commandeur Jospin dont il parut samedi à Paris comme dans son ouvrage rien moins qu'émancipé. C'est sa croix, c'est son honneur aussi, cette incapacité à se défaire de sa fidélité pour le retraité, mais pas regretté patriarche socialo-socialiste qui fut rien moins que libéral même s'il s'abandonnait aux règles de fer du marché et qui, par sa simple présence, dément la conversion sociale-démocrate néo-moderniste de celui qui paraît incapable de tuer le père. Pourtant Bertrand Delanoë répète sans cesse qu'il est « libre », ce qui montre bien que ça ne va pas de soi, que ça reste à démontrer. Le delanoïsme reste une variante relookée du jospinisme Peut-être est-ce ce lien-là qui l'attache, ce poids qui le leste, qui l'empêche de décoller. Le maire de Paris n'a pas emballé le match. Ses soutiens réunis samedi à la Mutualité n'étaient guère nombreux et l'enthousiasme, la dynamique était absents. On aurait même manifesté plus de bonheur collectif à une réunion de l'amicale des anciens paralytiques… Certes, quelques partisans de DSK étaient présents tel Michel Destot, le maire de Grenoble, mais Bertrand Delanoë était loin d'avoir plumé la volaille strauss-khanienne comme il le souhaitait. La bougresse ne se laisse décidément pas faire. Il n'a pas davantage entraîné des cadres du parti représentatifs. Le delanoïsme ne reste qu'une variante tout juste relookée du jospinisme qui n'a jamais été qu'une France du mitterrandisme pour partie d'ailleurs disqualifiée dans le sarkozysme… Alors non seulement Delanoë n'emporte pas les digues mais il suscite des résistances actives. Voilà le parti hérissé d'hostilités contre lui. Il y a d'abord Ségolène Royal bien sûr qui est loin d'avoir perdu. Elle a toujours ses fidèles, ce lien charismatique qui se manifeste à chacun de ses déplacements, à chacune de ses réunions publiques. Certes, Delanoë, porté par son succès municipal, a pris le meilleur dans les sondages. Mais sans faire le trou. Son avance est faible, et d'avoir doublé Ségolène Royal par la droite permet à celle-ci de se… recaler à gauche. La voilà désormais qui critique durement la conversion libérale de son adversaire alors qu'elle-même n'avait pas craint pendant la campagne de se déclarer libérale. Elle n'hésitait alors à multiplier ses « provocations droitières », comme les appelaient les jospinistes qui, eux aussi, ont changé de pied, ce qui fiche un sacré tournis… Ségolène Royal n'est pas seule à s'attacher à contrer le maire de Paris, désormais la cible de tous les autres. La gauche du parti le flingue avec Benoît Hamon et Henri Emmanuelli qui s'étonnent à juste titre qu'on puisse se rallier précipitamment au marché alors que les libéraux eux-mêmes s'alarment de ce que le marché devient « fou ». Mais voilà que tous, Julien Dray en tête, mais aussi Jean-Christophe Cambadélis et les strauss-kahniens redécouvrent la « question sociale » qui doit être centrale et s'étonnent que Bertrand Delanoë, tout à son audace libérale n'en pipe mot. Dans l'ombre, François Hollande lui-même, travaille à ce qu'une troisième force s'impose, qu'il puisse ménager son avenir… Et Martine Aubry elle-même s'active pour se réinventer un futur. C'est le combat des ombres… Pendant que la France vit sa vie, mal, pendant que le pays a des problèmes d'existence et d'essence, pendant qu'il se rebute du sarkozysme, le PS s'abîme dans un débat en trompe-l'œil sur le libéralisme politique. Au moins à Constantinople, on parlait du sexe des anges quand les barbares étaient aux portes…
Lundi 26 Mai 2008 - 12:01
Nicolas Domenach
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