Le PS en quête d'un mode d'emploi pour la présidentielle
LE MONDE 26.08.08 14h09 • Mis à jour le 26.08.08 16h25
Confier aux sympathisants de gauche, et non plus aux seuls adhérents du PS, le soin de désigner le prochain candidat socialiste à l'élection présidentielle est une idée qui fait son chemin. Organiser des "primaires" au sein de l'électorat en s'inspirant du modèle américain mais aussi italien - pour se doter d'un leader, la très fragmentée gauche transalpine s'en est remise au suffrage universel - est devenu synonyme de modernité démocratique et la plupart des contributions d'avant-congrès évoquent, sans toutefois l'approfondir, une telle éventualité.
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Eclairage Gauche : des idées pour une refondation
En proie à une crise chronique de leadership, le PS - dont le mode de désignation de sa candidate, en 2006, n'a pas échappé aux effets pervers - est particulièrement concerné par ce débat qui pourrait rebondir au congrès de Reims. D'autant plus que beaucoup voient dans le fait de confier aux électeurs la désignation du candidat un moyen de déconnecter conquête du parti et désignation du présidentiable.
La fondation Terra Nova, qui se veut un laboratoire d'idées pour la gauche, se propose d'éclairer les choix du PS. Mardi 26 août, elle a rendu publique une étude destinée à jeter les bases de "primaires à la française", réalisée par un groupe de travail dirigé par le politologue Olivier Duhamel et par Olivier Ferrand, président de Terra Nova.
Celle-ci écarte l'organisation de primaires entre candidats issus des différents partis de gauche. "Séduisante sur le papier, cette option tirée de l'expérience italienne n'est pas réaliste en pratique et serait vraisemblablement contre-productive", estiment les auteurs de l'étude. Elle supposerait que les Verts, comme le Parti communiste, acceptent de renoncer à la visibilité et aux moyens financiers qu'offre la participation à la course présidentielle. En outre, organiser la compétition au sein de la gauche de gouvernement "libérerait un espace politique considérable au profit de la gauche radicale". Selon le groupe de travail, les primaires doivent donc juste mettre en selle le candidat socialiste.
L'ONCTION DU "PEUPLE DE GAUCHE"
Jugeant "trop étroit" le filtre d'accès à la candidature (obtenir le soutien de 15 % des membres du conseil national) arrêté en 2006, Terra Nova propose d'autoriser tout candidat ayant reçu le soutien de 10 % des parlementaires, des maires socialistes, des adhérents ou du conseil national à se présenter. Ce mode de désignation doit, aussi, encourager le renouvellement du personnel politique.
Le scrutin, constitué de deux tours sous l'égide des militants du PS, serait organisé en juin 2011. De grandes tentes faisant office de bureaux de vote seraient installées sur les lieux publics. Les participants - plusieurs millions - s'inscriraient sur des listes en versant un euro symbolique. Quant au "respect du principe de sincérité du scrutin, il pourrait être garanti par la mise en place d'une base de données en ligne mutualisée entre les bureaux de vote".
Cette "primaire à la française", dont l'issue serait entérinée par un congrès extraordinaire, vise à faire émerger un porte-drapeau rodé aux joutes électorales et ayant reçu l'onction du "peuple de gauche". A contrario, elle implique que les militants du PS acceptent de renoncer au monopole qu'ils exercent sur la désignation du candidat.
De même, cette option induit un conflit de légitimité entre le présidentiable et le premier secrétaire. Terra Nova suggère une solution alternative : faire élire par les seuls militants le leader du PS en début de législature, indépendamment du congrès, comme le fait le parti travailliste au Royaume-Uni. Une proposition qui aboutit à séparer le choix du premier secrétaire et celui de la ligne politique alors que les statuts du PS prévoient aujourd'hui exactement l'inverse. Et qui laisse entière la question de la désignation, quatre ans plus tard, du candidat à l'élection présidentielle.
Jean-Michel Normand
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