En Hesse, le SPD relance l'option d'une alliance avec la gauche radicale
LE MONDE 14.08.08 14h44 • Mis à jour le 14.08.08 16h02
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Mettant fin à huit mois de tergiversation depuis les élections régionales de janvier dernier, la fédération social-démocrate de Hesse a décidé mercredi 13 août de laisser sa présidente, Andrea Ypsilanti, 50 ans, tenter à nouveau sa chance pour se faire élire d'ici novembre ministre-président du Land avec un gouvernement de coalition social-démocrate/Vert toléré par le parti de la gauche radicale, Die Linke. Le président du SPD, Kurt Beck, qui joue dans cette affaire sa crédibilité, avait laissé lundi aux sociaux-démocrates hessois la liberté de leur choix.
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Le ralliement sous conditions de l'aile droite du SPD hessois à l'ouverture de négociations avec Die Linke a donné à Mme Ypsilanti la possibilité d'imposer sa ligne en dépit des très fortes oppositions qu'elle suscite dans le parti au niveau fédéral et dans de nombreuses autres fédérations. Les sociaux-démocrates bavarois, qui ont des élections régionales fin septembre, et peuvent espérer faire perdre sa majorité absolue au parti chrétien-social de Bavière, dominant dans le land, voient l'évolution hessoise d'un très mauvais oeil. Pour tenir compte de leur situation, il a été convenu que le congrès du SPD de Hesse, qui devra entériner le résultat des négociations de coalition à venir, n'aura lieu qu'en octobre.
NOUVELLE DONNE
L'arithmétique électorale actuelle, mesurée par les résultats des dernières élections régionales et les sondages, confronte les deux grands partis allemands, chrétiens et sociaux-démocrates, à des choix difficiles. La confirmation de la percée du nouveau parti d'Oskar Lafontaine et Gregor Gysi, Die Linke - la Gauche -, rentré au Bundestag en 2005, crédité à un an des prochaines législatives de septembre 2009 de plus de 11 % dans les sondages, devant les Verts et les Libéraux, a bouleversé la donne politique. Contraints de s'allier au niveau fédéral aux chrétiens-démocrates dans la grande coalition d'Angela Merkel (CDU), les sociaux-démocrates sont divisés sur la manière de sortir de cette alliance qui jusqu'à présent a plutôt servi la chancelière.
A Berlin, le bourgmestre régnant Klaus Wowereit a bien mis en oeuvre depuis 2002, sans histoire, une coalition avec Die Linke. Mais ce modèle continue de faire l'effet d'un chiffon rouge non seulement pour la droite, qui en fait son cheval de bataille, mais aussi pour l'aile réformatrice du parti social-démocrate, celle qui avait porté l'ancien chancelier Gerhard Schröder et ses réformes sociales de l'agenda 2010, incarnée aujourd'hui par le vice-chancelier et ministre des affaires étrangères Frank Walter Steinmeier.
Soutenue par l'aile gauche du parti, traditionnellement forte en Hesse, la région de Francfort, Andrea Ypsilanti et sa main tendue à la gauche radicale sont devenues le symbole de la bataille engagée au sein du SPD pour la fin du tout libéral. Son programme prévoit en outre, pour convaincre les Verts d'accepter une coalition, de fortes incitations pour freiner en Hesse l'énergie nucléaire et le charbon et encourager les nouvelles énergies.
L'issue des négociations avec Die Linke reste ouverte. L'aile droite du parti hessois, sans laquelle Mme Ypsilanti devrait une seconde fois renoncer, comme en mars, à obtenir une majorité au parlement hessois pour démettre le ministre-président sortant, le chrétien-démocrate Roland Koch, et se faire élire, entend marchander son appui. Un échec signifierait toutefois de nouvelles élections régionales, qui seraient difficiles pour le SPD. Celui-ci avait obtenu 37 % des voix en janvier. Les sondages lui en donnent aujourd'hui dix de moins.
Henri de Bresson
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